La recherche russe en appui d’une volonté française de développer le lupin
Des chercheurs sont venus en France participer aux rencontres franco-russes sur le lupin, qui se sont tenues le samedi 21 juillet à la Ferme Sainte Marthe à Millançay (Loir-et-Cher) et le lundi 23 près de Rennes chez Valorex, pour appuyer la volonté d’entreprises françaises de développer le lupin. Cela dans une préoccupation de diversification des cultures, d’approvisionnement en protéines pour les élevages et de création de valeur dans des sols pauvres.
« Nous sommes heureux d’apporter notre expérience scientifique aux agriculteurs français », a indiqué le professeur Léonidovitch Iagovenko, de l’institut russe de recherches sur le lupin. Selon cet institut de 115 salariés, dont 54 spécialistes, « le remplacement total du tourteau de soja par des grains concassés de lupin dans l’alimentation des bovins, des porcs et des volailles s’est avéré possible » dans les expérimentations Le lupin couvre environ 7 000 hectares en France, 400 000 ha en Pologne, 600 000 ha en Australie, 200 000 ha en Russie avec un objectif d’un million d’hectares dans les années qui viennent, selon Pierre Weill, président-fondateur de Valorex.
Travaux franco-russes sur un pathogène commun
Le lupin, qui aime les sols pauvres et acides, comme ceux de la Sologne et de la Bretagne, peut contribuer à la création de richesse et d’emplois dans des régions désertifiées. Cette légumineuse prépare le sol pour les cultures suivantes. Elle capte en moyenne 350 à 400 kg/ha d’azote atmosphérique à l’hectare, synthétise 50 kg de phosphore et 30 kg de potasse du sol, a ajouté le professeur Léonidovitch Iagovenko. Sa racine décompacte le sol, facilitant son aération et la vie des microorganismes et des vers de terre. Son entrée dans la rotation des cultures casse le parasitisme. La culture du lupin a des effets bénéfiques pour la micro-flore du sol, a-t-il souligné.
Témoignage : le lupin utilisé comme levier pour réduire les intrants
Un agriculteur installé en terre de Brocéliande, André Goudin, a indiqué lors des rencontres franco-russes comment le lupin a été un levier pour réduire les intrants et parvenir à l’autonomie de son exploitation en production céréalière, viande bovine et porcine. Dans les années 1970, il avait constaté une résistance croissante aux antibiotiques chez le bétail et de plus en plus de résistance aux produits de synthèse sur ses cultures. Les coûts de productions augmentaient. « Il me fallait travailler et investir toujours plus alors que les terres s’appauvrissaient et que la situation financière se dégradait ».
« Pour remédier à cette situation, j’ai choisi de mettre en place une rotation de cultures peu onéreuse afin d’améliorer la vie du sol, des plantes et des animaux. Ce qui me permettait de contrôler les adventices. Il a commencé à cultiver du lupin et expérimenté une quinzaine de variétés en provenance de pays différents. « Avec des terres de qualité très médiocre, acides à très acides à l’origine, j’ai obtenu des rendements de 30 à 35 quintaux à hectare », sans intrants.
André Goudin diffuse maintenant son savoir-faire à travers des diagnostics, accompagnements et préconisations « pour aller vers plus de qualité, d’économie, d’autonomie et de diversification ». « Auto-entrepreneur, autodidacte, j’aime transmettre », a-t-il conclu.